Au début de cette première semaine du nouveau confinement, je me suis demandé ce que le Yi jing aurait à nous dire sur ce que nous vivons, et même comment le vivre mieux. La force de la pensée chinoise, dans les formes qui nous en sont accessibles est de nous enseigner à voir les potentiels, et même à les créer. Alors quels sont les potentiels de ce nouveau moment hors du commun ?
Un nouveau confinement, nous le recevons d'abord comme une mauvaise nouvelle, une nouvelle crise à traverser. Nous anticipons avant tout les moments difficiles qui nous attendent.
Dans notre rapport à nous même cette situation va nous éprouver, mais nous savons que nous la traverserons, nous en ressortirons sans doute différents, mais nous arriverons au bout. Et si, dans ce moment appremment sombre, nous étions plus ouverts ? Plus communicants, plus ouverts et actifs ?
Vous allez me dire: aller vers les autres alors qu'on nous enferme ? Alors que nous sommes fragilisés ? C'est une blague ?
Et bien non. Cette tension contradictoire produit quelque chose. Quelque chose qu'il nous s'agit de reconnaître et de vivre.
Il s'agit donc, de s'ouvrir, d'échanger alors que nous sommes moins forts, moins sûrs de nous.
Pour fonder cette démarche, le yi jing évoque d'abord la constance de la relation aux autres, il faudra peut-être adapter de temps en temps, changer de mode, de forme, de moyen aussi souvent que nécessaire. Et, dans notre relation à nous même, il s'agit de cultiver, éclairer notre "intérieur". Qu'ai je d'unique ? Qu'ai je de beau et bon à partager ?
Finalement, au coeur de la situation que l'on vit, il y a quelque chose de bien moins négatif qu'on pourrait le croire. Qu'y a t'il de plus riche que chercher en soi ce qui sera bon pour tous ?
Lorsque nous regardons les éléments "littéraires" du tirage, ils sont très explicites: l'idéogramme montre une clôture autour d'un arbre. Nous voyons la clôture, certes, et nous pourrions ne voir que ça. Mais l'arbre pousse autant vers le haut que vers le bas, vers le ciel que dans la terre. La vitalité de l'arbre ne s'éteint pas parce qu'on lui mets des clôtures. Elle peut au contrainre gagner en hauteur, se voir de loin, et en profondeur, en qualité.
Le Jugement et la Grande Image deux des textes associés à chaque hexagrame évoquent ici la patience et la persévérance discrète du taoïste accompli, patience car il y a toujours un après, et persévérance car cet après se prépare dès maintenant.
Ceux qui pratiquent nos disciplines corporelles, Qigong, Taichi ou Art Martial savent que le repli, le retrait sont un moyen de "charger" le corps, comme on comprime un ressort, d'accumuler du potentiel.
Et pour une conclusion tout à fait positive, regardons notre tirage et son hexagramme de perspective: 48, le Puits.
Le puits relie les personnes et les familles, il est au coeur de l'organisation d'une communauté. Le puits est central physiquement: souvent au centre du village chez nous, au centre d'un ensemble de parcelles familiales dans les communautés agricoles chinoises anciennes. Ainsi, il donne l'eau vitale pour les êtres, il est un bien commun car il conditionne les relations entre eux. Il est le centre et le lien.
Alors pour vivre et dépasser cette situation impossible, faisons le bien pour nous et notre entourage, creusons notre puits...
Christophe |